Pour vivre heureux vivons aveugle
Pour vivre heureux vivons gâché.
Je voudrais souvent être sourd plutôt que d’entendre cet amoncellement d’énormités débiles que je peux écouter par jour. Cela me dépasse ce que les gens parlent pour ne rien dire. Déjà que je trouve que moi je l’ouvre trop et que je devrais fermer ma gueule la moitié du temps. La parole est quand-même le déclenchement et souvent est porteuse de lourdes conséquences. Mieux vaut savoir se taire. On ne se rend pas tout le temps compte que les mots, surtout spontanés et lancés à la légère, peuvent quelques fois être très blessants.
A vrai dire, un simple regard un peu dur ou avec le sentiment de reproche peut suffire à me mettre mal. C’est un vrai problème. Depuis gamin j’ai été et suis encore beaucoup trop sensible et un peu susceptible aussi.
Je ne sais pas pourquoi, pourtant avec la vie que j’ai eue, cela devrait être le contraire.
Et je mets autant d’importance à l’apparence. C’est vrai que lorsqu’on peut se fondre dans la foule, on est vraiment tranquille et l’on touche presque à la liberté totale.
J’aimerais tellement être invisible à l’œil du vivant, être vaporeux, n’être plus qu’une aura, un esprit, voguant au fil du vent, pouvant parcourir des centaines de milles en quelques secondes, n’avoir plus de corps ou d’enveloppe, n’avoir plus que des émotions et des ressentis, être plus qu’un nuage vaporeux de bien-être et d’amour, se sentir gigantesque aussi bien que dans un rêve.
Depuis que je me suis arrêté de me droguer, c’est comme si je m’étais un peu arrêté de vivre.
La solution était pour ne plus être tenté d’acheter de la drogue, de couper les ponts avec beaucoup de monde.
Maintenant je ne veux qu’une chose, c’est aimé et être aimé.
Sans cela la vie est fade, amère, monotone et ennuyeuse et souvent on finit seul.
La solitude et l’aboutissement en plus…je me sens brisé, usé et fatigué.
Thierry 2003